Il existe également l’objet de « corporation » ou plus exactement de groupes socio-professionnels. C’est le cas des statues de saint Isidore, pour les laboureurs, de saint Cornély/Herbot (bovins) ou saint Antoine/Nicodème (porcins).
Quand ces statues ne représentent pas le saint dédicataire, elles peuvent être également portées lors de la procession, mais leur rôle est secondaire. La statue du saint vétérinaire est parfois remplacée par un reliquaire porté en procession (chapelle Saint-Guénolé à Quistinic, Morbihan).
Le cas est patent dans le cas des paroisses maritimes, avec la maquette de procession. S’il ne s’agit pas d’une exception bretonne, elle est toutefois concentrée dans la région, si l’on analyse la pratique au niveau national. La maquette d’un navire, portée en procession, symbolise ici le métier de l’essentiel des hommes de la paroisse, et parfois plus spécifiquement du village.
Le navire représenté, commerçant ou de guerre, est porté en procession sur un brancard. On doit le distinguer des navires votifs, présents dans les chapelles et églises. Cette distinction est possible car dans une majorité des cas, seule la maquette de procession reprend le vocable de l’édifice (exemples de Saint-Cornély à Carnac (Morbihan) ou de Saint-Pierre à la chapelle Saint-Pierre du Bas Pont-Scorff à Cléguer (Morbihan)). Comme pour les exemples ruraux d’Isidore ou Cornély, cet objet se situe en seconde position lors de la procession, mais il représente ici une majorité des fidèles présents, et non des sous-groupes.
En raison de leur fragilité ou parfois de leur taille importante, ces maquettes sont de moins en moins portées lors des pardons. Toutefois, elles sont également présentes dans des paroisses qui ne sont pas maritimes. Dans le cas du pardon de Notre-Dame de Quelven, haut lieu d’un pèlerinage marial près de Pontivy depuis le xvie siècle, une maquette de procession a été offerte par des marins de Larmor-Plage à la fin du xviiie siècle et est toujours portée en procession. D’autres maquettes, plus récentes, provenant notamment de Lorient et de son arsenal (cuirassé de la fin du xixe siècle) ont été apportées sur ce site et ont également participé aux processions. On retrouve un autre pardon intérieur en Morbihan avec des maquettes de procession associées : la chapelle Sainte-Barbe au Faouët, construite à la fin du xvie siècle. Ces maquettes sont issues d’un don et d’une participation des canonniers de la Royale (marine de guerre) aux xviiie et xixe siècles, sainte Barbe étant à la fois leur patronne et le lieu de stockage de la poudre dans un navire de guerre, depuis la fin du Moyen Âge.
