La région, territoire de vie, territoire aménagé

Jean Ollivro">

Un périmètre pertinent

Dans le jeu complexe des mobilités (voir le dossier Approche des territoires du quotidien), la région est en partie un des « territoires de la vie quotidienne ». En Europe elle est actuellement choisie de plus en plus comme un périmètre pertinent pour l’action économique et l’aménagement du territoire.

Dans le premier cas, chaque individu, chaque commune, chaque lycée... se situe dans ce que l’on appelle une « région ». Dans le second, chaque région dispose de compétences variées pour favoriser l’aménagement du territoire.

La région « Bretagne »

Mon lycée est dans une région qui est appelée Bretagne. Ce mot désigne un territoire qui a eu d’autres noms (Armorique avant le vie siècle, c’est-à-dire « le pays qui fait face à la mer »). Il a été pendant près de 1 000 ans un royaume indépendant puis un duché. En 1532, est signé un traité d’union avec la France. Suite à la Révolution française, la France s’organise en communes, départements, État. Même si les noms Bretagne et Bretons (les habitants de Bretagne) restent très employés, la région n’a, pendant plus de 150 ans et jusqu’aux années 1960, quasiment aucune représentation officielle. Il reste pendant cette période quelques institutions comme la cour d’appel de Rennes, qui ne cesse d’exercer son pouvoir sur les cinq départements bretons. Dans les années 1960 et sous la houlette du CELIB (Comité d’étude et de liaisons des intérêts bretons), la Bretagne retrouve quelque peu son nom. Un premier CODER (Commission de développement économique régionale) est créé en 1964. Limitée institutionnellement à quatre départements, la région Bretagne apparaît en 1972 tel un « Établissement public régional » puis, en 1982, comme une des 22 régions administratives françaises. En 1986, le président de la Région Bretagne est pour la première fois élu au suffrage universel. Malgré les débats sur la réunification avec la Loire-Atlantique, la récente réforme régionale de 2015 a choisi de conserver une assemblée sur quatre départements alors que d’autres régions sont recomposées. L’Alsace par exemple est désormais intégrée à un ensemble la regroupant avec les régions de la Lorraine et la Champagne-Ardenne.

Des compétences limitées mais une identité forte

La Bretagne administrée dispose désormais de compétences concernant notamment le développement économique et l’aménagement du territoire. Dans l’ensemble, on constate en France que le pouvoir réel des régions et surtout leur budget sont très faibles au regard d’autres pays européens. Ainsi, la seule Catalogne dispose d’un budget quasiment équivalent à celui de l’ensemble des régions françaises. Le budget actuel de l’Écosse est 44 fois supérieur à celui de la Bretagne administrée. La France a décidé de donner peu de pouvoir financier à ses régions. La Région Bretagne a par exemple un pouvoir financier (1,4 milliard d’euros) inférieur aux budgets réunis de Rennes et de Rennes métropole (à elles deux, elles disposent d’environ 1,5 milliard). La Bretagne dispose cependant d’une notoriété nationale et internationale. Ses singularités remarquables (historique, environnementale, géographique, sociologique…) font l’objet de nombreuses études par l’ensemble de la communauté scientifique. Le sentiment d’appartenance de ses habitants est très fort. Malgré cette faiblesse institutionnelle et financière, la région administrative limitée à quatre départements mène des actions dans différents domaines. Par exemple, c’est elle qui s’occupe de la gestion des lycées, s’est lancée récemment dans la promotion des énergies renouvelables. Elle a aussi largement contribué au financement du TGV sur son territoire et s’est engagée pour la couverture d’ensemble de la région par la fibre optique d’ici 2030.