La dimension politique des associations agricoles est évidente dès les années 1830-1840, lorsque préfectures et notables légitimistes se disputent le contrôle des comités cantonaux d’agricultures puis des premiers comices. La loi de 1851 sur les organisations agricoles, l’instauration du Second Empire et le progressif rejet par la droite royaliste du régime de Napoléon III amplifient encore le rôle politique des comices, d’autant que, depuis 1848, le suffrage universel a donné aux électeurs ruraux un poids considérable.
Ainsi, en Ille-et-Vilaine, le préfet Féart accorde une attention particulière aux comices à partir de 1858. La fête annuelle constitue en effet un moyen parmi d’autres pour orienter les votes d’un monde rural à ses yeux trop largement influencé par des nobles et des prêtres ouvertement opposés à la politique de l’Empire. A coups de subventions, de déplacements sur le terrain, de suppression aussi comme dans le cas du comice du canton d’Argentré-du-Plessis, contrôlé par le marquis du Plessis d’Argentré, le préfet impose sa marque sur son département.
Après 1879, la volonté de conquête, par les autorités républicaines, d’un électorat rural plutôt favorable aux monarchistes constitue les principales causes de tensions entre comices et autorités préfectorales. C’est là que se cristallisent localement les débats entre républicains et réactionnaires. L’apparition de comices « dissidents » en découle, donnant lieu à une « guerre des comices ». En Ille-et-Vilaine, un très conservateur Comice libre de Châteaubourg, créé en 1885, perd les subventions de l’Etat allouées à la Société d’agriculture du canton de Châteaubourg, républicaine. A Pipriac, des « froissements » conduisent en 1897 à la scission entre un Comice agricole de Pipriac, conservateur, et une Société du comice de Pipriac, républicaine, qui réunissent quatre fois plus de membres que la précédente association. Dans le Finistère, un Nouveau Comice de Plogastel-Saint-Germain voit le jour en 1896 à l’initiative du bouillant député-maire radical de Plozévet, Georges Le Bail, face au Comice de Plogastel-Saint-Germain dirigé par le vicomte de Carné qui succède au comte de Saint-Luc.
Pour les maires, les conseillers généraux, les conseillers d’arrondissement, les députés et sénateurs, être présent lors de la fête du comice est indispensable. Offrir en prix quelques dizaines de francs ou une montre est encore mieux. L’idéal est bien évidemment de présider l’association cantonale : nombre d’élus locaux en font, dans leur « carrière » politique, une étape intermédiaire entre la mairie et le conseil général ou le conseil d’arrondissement.