Le loup, une vieille connaissance

Autrice : BCD / septembre 2025
Après un siècle d’absence, le loup est de retour en Bretagne. L’animal retrouve des terres qu’il a bien connues autrefois…

Dans les dédales de l’immense campus de l’université de Rennes 1, une grande collection de zoologie abrite un étrange spécimen : un loup naturalisé. Il s’agit probablement de l’un des derniers loups tués en Bretagne au début du XXe siècle. Aujourd’hui, canis lupus (nom latin du loup) revient en terre bretonne : de nombreux témoins signalent l’avoir aperçu, furtif et solitaire, non loin de chez eux.

Le loup dans l’imaginaire et la culture bretonne

L’animal n’est pas un inconnu pour les habitants de la région. Il suffit de lire les noms de lieux pour prendre conscience de sa présence ancienne dans la péninsule. En Basse-Bretagne, le mot breton « bleiz » (loup) est partout. Il désigne l’animal et parfois, probablement, un hors-la-loi : on ne compte plus les « Pors Bleiz » (la cour du loup), « Goarem ar bleizi » (la friche des loups), « Roc’h ar bleiz » (le rocher du loup) ou « Kerambleiz » (le village du loup). C’est aussi le cas en Haute-Bretagne avec le nom de la commune de « Domloup », mais aussi « Le chemin des louveries », « La brousse au loup », « Le vau du loup » , ou encore « Le bois du loup ». L’animal a également inspiré une danse : « dañs ar bleiz » (la danse du loup), pratiquée en Centre-Bretagne. Et, en breton, il a même un petit nom : on l’appelle « Gwilhoù ar bleiz ». Le loup est aussi le héros de nombreux contes. Inspiré d’un fait divers du XVIe siècle, Le sonneur et le Loup raconte une histoire similaire des monts d’Arrée au Trégor : comment un sonneur de bombarde part à la recherche d’une enfant enlevée par un loup. Mais il tombe dans un piège à loup, nez à nez avec l’animal. Il passe alors la nuit à souffler dans son instrument afin de faire reculer la bête…

Le XIXe siècle et la chasse aux loups

Toujours présents dans l’imaginaire des Bretonnes et des Bretons, les loups ont pourtant totalement disparu de la région depuis le début du XXe siècle. Que s’est-il passé ? Au début du XIXe siècle, on estime qu’ils étaient environ 600 individus, principalement dans les landes et les bois. Le siècle suivant marque un tournant. La Bretagne connait alors une très forte croissance démographique, notamment dans les campagnes, ce qui diminue la zone d’habitat naturelle du loup. L’animal fait aussi de plus en plus peur à ses voisins humains. Il n’est pas rare qu’il s’attaque à des enfants, jeunes gardiens de troupeaux. Et pour couronner le tout, il propage également une terrible maladie : la rage. La chasse au loup s’exerce alors par tous les moyens, notamment via des techniques de piégeage de plus en plus perfectionnées. En Basse-Bretagne, de nombreux hameaux se nomment d’ailleurs « Toull ar bleiz », ce qui signifie « la fosse au loup ». Le loup est aussi éliminé à coups de fusils, avec la libéralisation du droit de chasse, ou à l’aide d’un nouveau poison, la strychnine, qui apparaît à la fin du XIXe siècle. Les derniers loups ont été observés en Bretagne entre 1885 et 1906. Aujourd’hui, il est bien plus facile de les suivre, même à distance ! L’Atlas des Mammifères de Bretagne propose une carte, mise à jour en temps réel, à partir d’observations validées.

 

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