Un opportuniste alimentaire
Pesant entre 2,2 kg et 14 kg – avec une moyenne de 7 kg pour les mâles –, le renard est reconnu comme un chasseur de première classe de campagnols ou de mulots, ce qui fait de lui un précieux protecteur des cultures agricoles. Une croyance populaire prétend qu’il se nourrit de hérissons, les forçant à se « débouler » en leur urinant dessus. Cependant, aucune documentation sérieuse n’existe sur ce sujet. Cela semble relever davantage de la rumeur. Mais, contrairement aux apparences, cet animal n’est pas un strict carnivore, mais bien un omnivore. À l’automne, il se gave de mûres, au printemps et à l’été, il apprécie de petites baies, des cerises, des pommes, des poires, des prunes, etc. Notre rouquin sait se contenter de ce qu’il trouve et participe ainsi à la dispersion des espèces végétales. Il fait aussi preuve d’une adaptabilité alimentaire exceptionnelle, se nourrissant tout autant de micromammifères ou d’insectes, que de poules prélevées ici ou là (particulièrement à la période d’élevage des jeunes). Il ne résistera pas non plus à une charogne fraîche trouvée sur son chemin, proie facile et nourrissante. Et bien sûr, il ne dénigrera pas une poubelle bien garnie si l’occasion se présente ! Il devient d’ailleurs de plus en plus fréquent de le croiser en ville, où il recherche la disponibilité alimentaire liée à la présence humaine.
Une façon de vivre surprenante
Sa faculté d’adaptation ne se limite pas à son régime alimentaire : sa vie de couple est tout aussi souple. En grande majorité monogames, le mâle et la femelle, séparés le reste de l’année, se rejoignent pour l’élevage des jeunes. Cependant, si la disponibilité alimentaire de leur territoire le permet, ils vivent ensemble toute l’année. Sous ces mêmes conditions de nourriture abondante, ils peuvent même vivre en groupe. Si on parle de « meute » pour les loups, on parlera de « clan » pour les renards. Dans ce cas de figure, il y aura, comme chez les loups, un mâle et une femelle alpha, « autorisés » à se reproduire ; les autres resteront abstinents et aideront à l’élevage des jeunes.
Côté gîte, le renard vit dans des terriers. Il peut bien sûr les creuser lui-même, mais, là aussi, il peut faire preuve d’un étonnant opportunisme en occupant l’habitat des blaireaux. En effet, les blaireautières, spacieuses, peuvent être accueillantes pour plusieurs espèces (y compris les chauves-souris). Il a même été rapporté plusieurs fois que certaines d’entre elles abritaient non seulement un renard, mais aussi, et en même temps, un ou des… lapins ! Voilà une surprenante cohabitation, réunissant le prédateur et sa proie. Certains naturalistes avancent l’hypothèse que Maître Renard ne touche pas à son colocataire à grandes oreilles par pur calcul : il pourrait lui servir en cas de disette. C’est prêter au rouquin une bien grande malice, mais avec lui, qui sait ?
Enfin, quand au cœur de l’hiver vous entendez d’étranges bruits aigus durant la nuit, pas de panique ! Ce sont simplement les glapissements des renards, qui entament la saison des amours afin que les petits voient le jour au tout début du printemps. Comme beaucoup d’oiseaux ou de mammifères, il est plus pratique de les nourrir quand la nature est de nouveau éveillée ! Au printemps et en été, en tendant l’oreille, ce sont les jeunes appelant leur mère que vous pourrez entendre. Et celle-ci ne manque pas de leur répondre.
Les dangers planant sur l’espèce
Malgré son adaptabilité, le renard est victime de plusieurs phénomènes anthropiques ou naturels, qui ont provoqué une chute drastique des populations. La chasse peut constituer un premier facteur d’explication. Le renard demeure en effet classé ESOD, Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts. Un animal nuisible, en somme. Cette qualification signifie que l’animal peut être chassable quasiment toute l’année : au tir, en période de chasse classique ; au collet, pratique courante mais illégale ; et au déterrage ou vénerie sous terre. Il s’agit, pour cette dernière technique, de s’armer de chiens et de pelles afin d’acculer les animaux dans leur terrier tandis qu’on le détruit. Cela dure plusieurs heures, y compris, parfois, pendant la période d’élevage des jeunes. Il convient toutefois de souligner que de plus en plus de chasseurs se refusent désormais à « tirer » le renard. Conscients des autres dangers menaçant l’espèce et de son intérêt écologique, ils considèrent d’eux-mêmes l’argumentaire de principe de régulation obsolète. Notons, cependant, qu’en France, environ 500 000 renards sont « prélevés » chaque année.
Un autre facteur est responsable de la diminution du nombre de renards : la gale sarcoptique. Due à un parasite sous-cutané qui provoque la perte des poils et des boursouflures de la peau, cette maladie très douloureuse affaiblit l’individu touché jusqu’à ce que, épuisé, il ne puisse plus se nourrir. Très contagieuse, elle décime des familles entières lors des épidémies. Certaines zones rurales se retrouvent parfois ainsi totalement exemptes de goupils, jusqu’à ce que les populations se reforment. Les impacts routiers sont également une cause de mortalité très importante, notamment des jeunes qui partent à la découverte de leur environnement.
Il convient de rappeler que, comme pour tout animal sauvage, si vous rencontrez un renardeau en détresse, il faut absolument contacter un centre de soin et non pas décider de l’élever vous-même. Il convient de garder en mémoire qu’un renard reste un animal sauvage, donc imprévisible, et qu’il sent très mauvais. Surtout, afin de pouvoir retrouver la liberté dans des conditions optimales, il lui faut impérativement des structures aptes à lui prodiguer un apprentissage le plus proche possible de celui dont il aurait bénéficié auprès de sa famille.