La bannière est intimement liée aux pardons, elle en représente l’objet iconique par excellence. La Bretagne est la région française qui conserve le plus de bannières, difficilement dénombrables : le Finistère à lui seul en conserve plus de 4 000. Sur ce corpus, 62 datent de l’Ancien Régime, toutes classées, soit 40 % des bannières françaises anciennes : rien d’étonnant dans une région aux nombreuses processions toujours actives. Les deux faces textiles mesurent généralement 1,20 x 1,60 m, constituées de figures brodées ; le tout pèse souvent plus de 15 kg.
Sur la face principale, elles représentent communément le saint patron de la paroisse. Sur celles qui datent de l’Ancien Régime, le nom n’est pas inscrit car presque personne n’aurait pu le lire. De l’autre côté de la bannière, on trouve une représentation plus universelle : la Vierge Marie, la Trinité, etc. Les bannières sont portées par les laïcs. L’identification est donc forte, car l’enseigne symbolise une paroisse et une communauté humaine, elle est souvent financée par les familles, et transmise depuis plusieurs générations.
Les usages sont eux aussi très codifiés. Si la bannière reste traditionnellement à l’abri dans une sacristie, son utilisation est brève et intense. Par le passé, être porteur de bannière était un grand honneur. Parfois, un ordre de préséance ancestral subsiste, ailleurs il faut payer pour avoir l’honneur de porter l’enseigne paroissiale en tête de la procession ; le nombre de porteurs et leur ordre est planifié à l’avance.
La manipulation de ces grands tableaux textiles demeure une opération délicate. Leur conservation demande également beaucoup de précaution. Le textile est un support délicat : il convient, pour une conservation optimum de le conserver à plat pour éviter les désordres mécaniques (déchirures), à l’abri de la lumière, des rongeurs et de l’humidité. Dans certaines paroisses, des vitrines sont installées, permettant l’exposition des bannières anciennes et fragiles. Les cartes postales anciennes d’intérieur d’églises ne montrent aucune bannière exposée dans l’église. Mais souvent, et depuis les années 1960 et le début du tourisme, les bannières sont désormais présentées de manière permanente dans les églises et ne sont plus conservées dans les armoires de sacristie, comme cela se pratiquait dans des périodes plus anciennes : c’est une manière de prolonger le temps des processions bien au-delà du calendrier traditionnel. L’idée de valorisation du patrimoine incite les responsables à progressivement présenter leurs trésors de manière pérenne, qu’il s’agisse des bannières ou les trésors d’orfèvrerie présentés sous vitrines blindées.
