Il parait que l’on trouve des Bretonnes et des Bretons aux quatre coins du globe. Une idée un peu « cliché », non ?
Des commerçants qui voyagent
Il est vrai que la position de la Bretagne, une péninsule au cœur d’un vaste espace atlantique, a favorisé les voyages, et cela de longue date. Au 15e siècle, des navires bretons accostent à Bruges : ils viennent y décharger du sel de Guérande, du vin d’Espagne, mais surtout des toiles tissées en Bretagne. Le commerce de ces précieuses pièces de lin et de chanvre bat alors son plein. Le petit port de Landerneau est notamment au cœur du négoce des « crées », des toiles de lin très cotées, qui sont expédiées vers les Antilles ou l’Amérique du Sud. Revers plus sombre de la médaille : les Bretons participent au commerce triangulaire, basé sur la traite des Noirs et l’esclavage, entre l’Europe, l’Afrique et les Antilles. Au 18e siècle, Nantes devient même le premier port négrier de France.
S’établir à l’étranger
Si la plupart des voyageurs bretons rentrent à bon port, d’autres choisissent de s’établir loin de leur terre natale. C’est le cas de Jean Brulelou, dit Brito, né à Pipriac en 1415, qui part exercer sa profession de calligraphe à Bruges. Ce Haut-Breton participe à l’aventure de l’imprimerie, mise au point une vingtaine d’années plus tôt par Gutenberg, et acquiert la citoyenneté flamande en 1455. De nouveaux horizons s’ouvrent également avec la découverte du l’Amérique. Des Bretons partent pour mieux gagner leur vie et tenter l’aventure. C’est le cas de Noël Le Goff ou Le Got. Né à Irvillac vers 1674, il s’engage très jeune comme soldat, arrive au Canada, se marie en 1698. Le couple a 14 enfants, dont 9 garçons, à l’origine du patronyme Legault, aujourd’hui très courant au Québec. 600 missionnaires bretons arrivent aussi dans le Nouveau Monde aux 17e et 18e siècles. Quelques-uns sont même recrutés pour leur trilinguisme (breton, latin, français) dans le but d’évangéliser les populations indigènes.
Emigrer pour travailler
Mais ces départs se font plutôt au compte-gouttes. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du 19e siècle que la Bretagne connaît une émigration massive. Plusieurs centaines de milliers de jeunes hommes et femmes quittent les campagnes, où les bras sont devenus trop nombreux. Ils s’installent notamment au Havre : on recense plus de 10 000 personnes originaires de Bretagne en 1891, soit près de 10% de la population totale de la ville ! Le train conduit aussi ces jeunes gens à Paris. Les femmes s’engagent comme domestiques dans des maisons bourgeoises ou deviennent ouvrières dans les usines de la couronne parisienne, comme leurs homologues masculins. Mais c’est surtout L’Amérique qui fait rêver les jeunes migrants. En 1901, l’ouverture d’une usine Michelin près de New York est un déclic : près de 3 000 Bretons, originaires de Gourin et Roudouallec, partent y travailler. D’autres ouvriront des enseignes de restauration, profitant de la renommée de la cuisine française.
Une (petite) diaspora bretonne
Aujourd’hui, parmi les 3,5 millions de Françaises et Français vivant à l’étranger, on estime qu’environ 300 000 d’entre eux sont originaires de Bretagne. Les Bretons ne sont donc pas si nombreux à l’étranger, mais ils conservent un fort attachement à leur région : les Vieilles Charrues se sont même exportées à Central Park à New York, à l’occasion de la 25e édition du festival ! Les Bretonnes et les Bretons ne sont peut-être pas partout, mais impossible de les rater là où elles et ils se trouvent !