La fondation de l’Office central
C’est le 16 septembre 1911 qu’est fondé, dans la ville de Landerneau, l’Office central des Œuvres mutuelles agricoles du Finistère à l’initiative d’un certain nombre de dirigeants de syndicats agricoles. La plupart d’entre eux sont issus de l’aristocratie rurale à l’exemple d’Augustin de Boisanger qui en prend la présidence. Le choix de Landerneau, où s’installe le premier magasin de la coopérative, s’explique en large partie par sa position centrale, à la jonction des lignes de chemin de fer Quimper-Brest et Brest-Morlaix tandis que l’Élorn permet le transport de marchandises vers la rade de Brest. Tout cela doit permettre de favoriser la vente de produits agricoles, d’engrais notamment, que les paysans finistériens utilisent de manière croissante. Mais, plus qu’une coopérative, l’Office central entend fédérer l’ensemble des œuvres syndicales, mutualistes, coopératives et sociales qui se sont constituées les années précédentes dans la mouvance d’un catholicisme social particulièrement actif dans le département.
Le premier congrès et le premier élan
Le dynamisme de l’après-guerre
La Grande Guerre est une rude épreuve pour l’Office central qui y perd son président, tué dès décembre 1914. Mais sa renaissance est rapide et énergique sous la direction d’Hervé Budes de Guébriant. L’Office central s’engage alors dans ses « 20 glorieuses ». Il peut alors compter sur l’engagement d’une élite paysanne qui fonde des syndicats locaux dans la plupart des communes du département. Le modèle syndical mis en place est celui du syndicalisme mixte, mêlant dans une même structure tous les acteurs du monde agricole. Le grand propriétaire y côtoie le fermier voire l’ouvrier agricole. Conforme à la vision conservatrice développée par les dirigeants de l’Office central, ce type de syndicalisme nourrit les critiques des milieux socialistes et démocrates-chrétiens qui lui reprochent de favoriser la tutelle de l’aristocratie rurale sur la paysannerie. Sa réussite est néanmoins incontestable. L’Office central s’impose comme une organisation emblématique du syndicalisme agricole à l’échelle régionale et nationale.
En 1930, alors qu’il s’étend désormais aussi sur le département des Côtes-du-Nord, l’Office central regroupe 463 syndicats et 38 400 membres. L’activité croissante de la coopérative a, par ailleurs, entraîné la multiplication de dépôts locaux dans les deux départements. Cherchant à répondre aux multiples besoins de la paysannerie en terme de crédit, d’assurances ou de formation professionnelle, l’Office central œuvre en faveur de l’essor économique des campagnes bretonnes. Pour autant, il s’affirme aussi résolument comme l’instrument d’une volonté conservatrice qui cherche à préserver les structures sociales hiérarchiques du monde rural. C’est d’ailleurs le sens de son engagement dans la Corporation paysanne de Vichy. Les difficultés que connaissent ses dirigeants à la Libération n’empêchent cependant pas l’Office central, solidement implanté dans le Finistère, de devenir, par la suite, un acteur important de la révolution agricole bretonne. Le groupe coopératif Triskalia, le Crédit mutuel de Bretagne tout comme Groupama témoignent encore aujourd’hui de sa postérité.