Jeanne Malivel naît à Loudéac en 1895 dans une famille de négociants. Après des études secondaires à Rennes, elle est remarquée par son professeur de dessin. En pleine guerre (1915), elle devient infirmière-volontaire à l’hôpital militaire de Loudéac. En 1916, la jeune artiste part suivre les cours de l’Académie Julian, une école privée de peinture et de sculpture, à Paris. Elle adhère à la Gilde Notre-Dame, en recherche des sources chrétiennes médiévales pour renouveler l’art sacré. Parallèlement à ses études aux Beaux-Arts, Jeanne Malivel suit des cours de langue et de littérature celtique au Collège de France, ainsi que des cours de breton au Cercle celtique. En 1919, l’artiste rejoint le nouveau groupe breton Unvaniez Yaouankiz Breiz (Union de la Jeunesse bretonne), dont le journal est Breiz Atao. Elle rencontre nombre d’artistes bretons résidant à Paris, comme René Quillivic, James Bouillé ou encore René-Yves et Suzanne Creston. Elle devient également l’une des grandes rénovatrices de la gravure sur bois en Bretagne. Elle crée notamment les 74 illustrations de l’Histoire de notre Bretagne, écrite par Jeanne Coroller-Danio et originellement destinée aux enfants, sans en partager toutefois la vision nationaliste.
Jeanne Malivel conçoit aussi des ensembles mobiliers pour son entourage familial ou amical. Ces meubles visent à la rénovation des arts appliqués et sont parfois inspirés du mobilier de la région de Loudéac. Ils sont réalisés par les ébénistes locaux, Julien Bacon à Caurel, Christian Lepart à Rochefort-en-Terre, ou Gaston Sébilleau à Redon.
Ces réalisations peuvent être polychromes. Elle dessine toutes les ferrures de ses meubles et les fait réaliser par un forgeron loudéacien. Elle publie un article où elle appelle à l’épanouissement d’un art populaire, reflet de l’identité bretonne. En accord avec cet engagement, elle s’adonne à la conception de meubles, de motifs textiles, et à la pratique de la céramique. Son usage de la gravure, qu’elle qualifie d’« imagerie » plutôt que d’estampe, reflète cette conception tournée vers la diffusion populaire plutôt que vers la clientèle fortunée.
En 1923, Jeanne Malivel devient professeure à l’École des beaux-arts de Rennes. Elle y enseigne principalement la gravure, et son atelier va être déterminant dans la diffusion de la xylographie auprès des jeunes artistes en formation. Elle quitte son emploi trois ans plus tard, en raison de problèmes de santé. Au cours de l’été de la même année, suite à sa participation au pardon du Folgoët avec René-Yves Creston, Jeanne Malivel participe activement à la création du mouvement des Seiz Breur. C’est la jeune artiste qui propose un nom pour leur mouvement : les « Seiz Breur », sept frères en breton, s’inspirent du « conte des Sept frères », qui aurait été recueilli en gallo, en Ille-et-Vilaine, par la grand-mère de Jeanne Malivel. L’artiste l’avait fait paraître dès 1922 dans un hebdomadaire de Loudéac, sous forme de feuilletons.
En dépit des difficultés relationnelles avec le peintre Jean-Julien Lemordant, le groupe réussit à présenter un ensemble cohérent (l’Osté) qui est récompensé à maintes reprises à l’occasion de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, qui a lieu à Paris en 1925.
Dès le début de l’année 1925, le groupe des Seiz Breur connaît de vives tensions et Jeanne Malivel s’en écarte, comme son ami peintre Pierre Abadie-Landel. Elle se marie en juillet de la même année et le couple emménage à Vitré. Atteinte de la typhoïde, elle meurt un an plus tard, le 2 septembre 1926, dans une clinique de Rennes, à l’âge de 31 ans. Jeanne Malivel est inhumée à Loudéac.