Pendant toute la Seconde Guerre mondiale, les connexions entre le chef de la France libre et la péninsule armoricaine sont nombreuses. Proximité géographique aidant, c’est de Bretagne que viennent les premiers volontaires, à l’image de ces 128 hommes partis en bateau de l’île de Sein dès le mois de juin 1940. A l’automne 1941, un jeune haut-fonctionnaire du nom de Jean Moulin, ancien sous-préfet ayant été en poste à Châteaulin, dans le Finistère, vient se placer sous l’autorité du Général et deviendra même son représentant personnel en France occupée. Quelques semaines plus tard, un groupe de bombardement des Forces aériennes françaises libres est officiellement dénommé « Bretagne ».
On pourrait de même multiplier les évocations de hauts faits d’armes, de l’opération Chariot dans le port de Saint-Nazaire au maquis de Saint-Marcel, dans le Morbihan. Tous ces combats rappellent l’importance de la péninsule armoricaine en tant que champ de bataille lors de la Libération de la France. D’ailleurs, le général de Gaulle lui-même ne s’y est pas trompé en conférant à l’Île de Sein ainsi qu'à la ville de Nantes la Croix de Compagnon de la Libération.
Pour autant, est-il exact de postuler une relation d’automaticité entre le général de Gaulle et la Résistance bretonne ? Non, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, on remarquera que certaines des opérations évoquées plus haut n’ont rien à voir ou presque avec la France libre. Tel est ainsi le cas de l’opération Chariot. Ensuite, on rappellera que le singulier appliqué à l’expression « Résistance » est nécessairement réducteur tant celle-ci est composite : si beaucoup de combattants de l’Armée des ombres se réclament du général de Gaulle, nombreux sont également ceux qui portent haut le drapeau rouge et les espoirs du Parti communiste. D’ailleurs, c’est l’idée même de « Résistance bretonne » qui est problématique. La lutte contre Vichy et l’occupant nazi dans la péninsule armoricaine ne diffère fondamentalement pas de ce que l’on peut observer en Vendée, en Normandie ou encore en région parisienne. Les risques encourus sont les mêmes et d’ailleurs, en Bretagne comme ailleurs, certains individus font d’autres choix et s’abandonnent dans la Collaboration. Une triste réalité qui n’est pas que l’apanage des hommes, comme le rappellent les travaux de l’historien Fabien Lostec. Aussi l’on préférera parler de « Résistance en Bretagne » plutôt que de « Résistance bretonne ».