André Batillat, l’architecte

Auteur : Hubert Chémereau / janvier 2023

André Batillat a joué un rôle important dans la cohésion des Seiz Breur. Il est né à Saint-Nazaire en 1901 où son père, un magistrat originaire de Lorraine, avait été nommé. Il rejoint les Seiz Breur en 1926, à la suite de sa rencontre avec son compatriote nazairien, l’ethnologue René-Yves Creston, lors de ses études à Paris. Doué d’un grand sens de l’organisation, il mène sa carrière d’architecte parallèlement à une activité militante débordante.

En 1927, André Batillat ouvre une agence d’architecte-décorateur à La Baule avant d’ouvrir son cabinet à Saint-Nazaire en 1928. Il est l’un des précurseurs en Bretagne de la construction dite « en voile béton », qui permet de laisser libre cours à la création et à la liberté de réalisation. L’architecte excelle en matière de décoration intérieure, utilisant la mosaïque, les carreaux de faïence et la céramique. Il crée des décors, notamment pour les salles de bains, qui font l’admiration de René-Yves Creston. Dans ses réalisations, il collabore étroitement avec l’artisan ébéniste Gaston Sébilleau qui crée, dans ses ateliers de Redon, meubles et agencement pour sa clientèle.

« Villa bretonne » en 1930. Réalisation à la Baule-les-Pins. Source : Collection Françoise Horveno.

André Batillat, qui obtient d’importantes commandes de la part de la Ville de Saint-Nazaire, joue dans le même temps un rôle essentiel pour assurer la continuation des Seiz Breur dans les moments de turbulence. Sa résidence devient le port d’attache du mouvement, d’autant que René-Yves Creston voyage beaucoup dans le cadre de son activité d’ethnologue.  

L'architecte rejoint précocement la Résistance au sein du réseau nazairien créé par René-Yves Creston, lui-même engagé au sein du Réseau du Musée de l’Homme, un groupe de résistants formé dès juin 1940 au sein de l’établissement. Les qualités d’architecte d'André Batillat vont être fort utiles au groupe dans la réalisation de plans des installations portuaires qui vont servir aux Britanniques pour la préparation de l’Opération Chariot du 28 mars 1942. Après la guerre, il reste discret sur ses activités clandestines mais très attaché à son adhésion au cercle restreint de l’association des résistants de 1940, section du Musée de l’Homme.

Carte de résistant d’André Batillat. 1940, Réseau du Musée de l’Homme. Source : Collection Françoise Horveno.

André Batillat participe à la Reconstruction de Saint-Nazaire, mais voit sa carrière stoppée brutalement au début des années 1960 par un manquement administratif lourdement sanctionné. Il est profondément marqué par la mort de René-Yves Creston survenue le 30 mai 1964, et décède en juin 1966.

Carte d’André Batillat le 24 juin 1964, où sont mentionnés René-Yves Creston, Gaston Sébilleau et les Seiz Breur. Source : Collections du Musée de Bretagne.

 

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Auteur : Hubert Chémereau, « André Batillat, l’architecte », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 23/01/2023.

Permalien: https://bcd.bzh/becedia/fr/andre-batillat-l-architecte

BIBLIOGRAHIE

  • Le Couédic Daniel et Veillard Jean-Yves (dir.), Ar Seiz Breur 1923-1947, la création bretonne entre tradition et modernité, Terre de Brume/Musée de Bretagne, 2000.
  • Aumasson Pascal, Seiz Breur pour un art moderne en Bretagne 1923-1947, Locus Solus, 2017.

Proposé par : Bretagne Culture Diversité