Contes, collectes & conteurs
Au milieu du XIXe siècle, le développement de la scolarité et l’avènement d’une littérature spécifique destinée à la jeunesse font des contes l’apanage des enfants, une idée confortée au XXe , notamment par les dessins animés d’un Walt Disney.
Pourtant, à l’origine, les contes sont surtout destinés aux adultes, même si certains témoignages laissent supposer qu’il existait un répertoire propre aux enfants. L’on est alors surpris de constater qu’il s’agit souvent de contes particulièrement cruels.
Les collecteurs ne distinguent guère entre contes et légendes qui constituent pourtant deux genres de la littérature orale. Par la précision des lieux, du moment, des personnes concernées… la légende cherche à s’ancrer dans la réalité. Elle se présente souvent sous la forme d’un témoignage vécu, rapporté par un proche dont la sincérité ne saurait être mise en doute. Les légendes expliquent le monde qui nous entoure, en soulignent les dangers, donnent la marche à suivre… Elles sont des réponses commodes aux interrogations, voire aux angoisses de l’existence humaine.
Avec le conte, nous sommes d’emblée dans le monde de la fiction, hors de la réalité : ur wech e oa... il était une fois. Mais sous son apparente naïveté, le conte n’est-il pas un moyen d’exprimer et de transmettre des idées, des croyances qui, sans cette enveloppe merveilleuse, seraient réprouvées, voire censurées ? Psychanalystes, psychologues… ont mis en évidence le caractère initiatique du conte pour le passage de l’enfance à l’âge adulte : avec les historiens, les ethnologues, les sémiologues… ils essaient de percer le mystère des contes qui depuis des siècles, et même des millénaires, n’ont jamais cessé de se transmettre.
Dès 1910, le Finlandais Antti Aarne, et à sa suite l’Américain Stith Thompson, ont dressé un catalogue international des contes, divisé en grandes catégories : contes d’animaux, contes merveilleux (nos contes de fées), contes religieux, contes facécieux… Chaque conte type y reçoit un numéro.
Les contes recueillis en Bretagne procèdent de types répandus dans une aire largement européenne. Il n’existe donc pas à proprement parler de contes bretons, même si certaines catégories de contes (les contes « religieux »), certains types (« Le voyage dans l’autre monde »…), certains motifs (le bâton de « Jean au bâton de fer »…), certains personnages (l’ankou, les saints, les korrigans, le diable qui prend souvent la place de l’ogre… sans oublier Merlin, l’homme sauvage) sont davantage à l’honneur en Bretagne, voire dans une aire « celtique ».