Les contes et légendes que Corentin Tranois fait paraître dans la Revue de Bretagne, créée en 1833, sont toujours liés aux mégalithes, mais présentés comme le résultat d’une véritable enquête effectuée sur le terrain pour interroger les anciens, à la recherche des «archives vivantes». Mais la source populaire, si elle existe, demeure une simple base d’inspiration littéraire pour brosser le tableau pittoresque d’une Bretagne qui attire de plus en plus les voyageurs en mal d’exotisme.
En 1836, dans ses Derniers Bretons, Emile Souvestre donne à son tour quelques contes et légendes, avant de publier en 1844 Le Foyer Breton. L’ouvrage, illustré de nombreuses gravures, qui se veut le pendant, pour les contes et légendes, du Barzaz-Breiz de La Villemarqué, influencera pendant longtemps la vision des successeurs.
Souvestre n’a probablement pas collecté lui-même, se contentant souvent de reprendre, en les aménageant, les publications de ses prédécesseurs. Il adopte le principe d’une mise en scène des récits, qui le conduit à faire le tour des différents évêchés de Bretagne et des principaux milieux populaires.
«... il faut à tout récit son théâtre, son auditoire, son acteur. C'est là ce que je me suis efforcé de faire ; j'ai placé chaque tradition dans son milieu ; je l'ai mise en scène, en la faisant redire et écouter par des Bretons.
Les esquisses dont j'ai encadré les contes populaires que je publie sont donc de véritables commentaires, mais des commentaires dramatiques destinés à compléter la peinture de la Bretagne poétique que j'ai essayée d'ailleurs.»
Souvestre, introduction au Foyer Breton