Le conte en Bretagne

Les Mille & une nuits de la Bretagne

Les contes et légendes que Corentin Tranois fait paraître dans la Revue de Bretagne, créée en 1833, sont toujours liés aux mégalithes, mais présentés comme le résultat d’une véritable enquête effectuée sur le terrain pour interroger les anciens, à la recherche des «archives vivantes». Mais la source populaire, si elle existe, demeure une simple base d’inspiration littéraire pour brosser le tableau pittoresque d’une Bretagne qui attire de plus en plus les voyageurs en mal d’exotisme.

Le bâton de la charrue que l'homme porte à la main le protège des nains. Pour « Les korils de Plaudren », Souvestre s'est largement inspiré d'un récit de Corentin Tranois.
Dessin de O. Penguilly. Coll. Fañch Postic.
Émile Souvestre (Morlaix 1806-Paris 1854) a joué un rôle important de vulgarisateur.
Coll. CRBC.

« Laissons-le, laissons-la, Fourche de charrue il a ;
Laissons-le, laissons-la, La fourchette est avec eux »

« Les korils de Plaudren », Émile Souvestre.


En 1836, dans ses Derniers Bretons, Emile Souvestre donne à son tour quelques contes et légendes, avant de publier en 1844 Le Foyer Breton. L’ouvrage, illustré de nombreuses gravures, qui se veut le pendant, pour les contes et légendes, du Barzaz-Breiz de La Villemarqué, influencera pendant longtemps la vision des successeurs.

Souvestre n’a probablement pas collecté lui-même, se contentant souvent de reprendre, en les aménageant, les publications de ses prédécesseurs. Il adopte le principe d’une mise en scène des récits, qui le conduit à faire le tour des différents évêchés de Bretagne et des principaux milieux populaires.

Cette gravue offerte en 1844 aux souscripteurs du Foyer Breton d'Émile Souvestre représente « Les Merveilles de la nuit de Noël (Burzudou Nedelek) ». On reconnaît l'Ankou et sa charette et sous la terre, à droite, les fées, à gauche, les korrigans à l'abri de leur dolmen... Autant de personnages qu'on retrouve régulièrement dans les contes et légendes de Bretagne. En publiant Le Foyer Breton, Émile Souvestre voulait écrire « Les Mille et une nuits de la Bretagne ».
Coll. Musée de Bretagne, Rennes.

L'art de la mise en scène

«... il faut à tout récit son théâtre, son auditoire, son acteur. C'est là ce que je me suis efforcé de faire ; j'ai placé chaque tradition dans son milieu ; je l'ai mise en scène, en la faisant redire et écouter par des Bretons.

Les esquisses dont j'ai encadré les contes populaires que je publie sont donc de véritables commentaires, mais des commentaires dramatiques destinés à compléter la peinture de la Bretagne poétique que j'ai essayée d'ailleurs.»

Souvestre, introduction au Foyer Breton