Le conte en Bretagne

Des contes enfantins au patrimoine oral

Dans l’entre-deux-guerres, le mouvement breton n’est pas tendre pour des folkloristes rendus responsables d’une image surannée de la Bretagne. Seules, quelques publications de contes en langue bretonne trouvent grâce à leurs yeux.

Grâce à son violon magique qui oblige tous ceux qui l'écoutent à danser, Petit-Jean obtient la main de la princesse, et comme souvent dans les contes tout finit par un grand mariage. « Et ils eurent beaucoup d'enfants... »
Image de Gerda pour « Le violon enchanté », conte proposé par Jean-Michel Guilcher pour les « Albums du Père Castor », célèbre collection pour enfants où le conte tient une belle place.
Vers 1980, les éditions Gallimard ont fait appel à des spécialistes pour leur collection « Récits et contes populaires de... ». Donatien Laurent y publie la collecte inédite de Geneviève Massignon.
Depuis 20 ans, les ouvrages se multiplient qui mettent à la disposition du public des collectes inédites ou difficilement accessibles.

« Pour la première fois, une revue bretonnante présentera exclusivement à des lecteurs instruits des articles faits pour eux, susceptibles de les intéresser au même degré qu’une page tirée de n’importe quelle publication d’une capitale européenne, au lieu de contes enfantins et de poésies poussives à l’usage d’illettrés. »

Manifeste de Roparz Hémon et Olivier Mordrel, au moment de la création de la revue Gwalarn en 1925.

A la pointe de la collecte à la fin du XIXe siècle, la Bretagne et la France prennent un sérieux retard sur le reste de l’Europe. Il faut attendre en 1937 la tenue à Paris d’un Congrès international de Folklore et la création du Musée des Arts et Traditions Populaires pour que des enquêtes soient à nouveau entreprises, dans un cadre désormais scientifiquement défini.

Au lendemain de la guerre, Paul Delarue, spécialiste du conte populaire, initie de jeunes chercheurs. Vers 1950, Ariane de Félice trouve encore auprès des vanniers de Mayun en Brière un milieu propice au conte. A la même époque, Geneviève Massignon visite la Loire-Atlantique puis interroge les teilleurs de lin et les paysans du Trégor. Marcel Divanach recueille en pays bigouden...

Longtemps réservé aux spécialistes et aux enfants, le conte doit attendre le mouvement de renouveau des années 1980 pour retrouver l’oreille du large public qui fut toujours le sien. A titre personnel ou au sein d’associations telles que Dastum, nombreux sont alors ceux qui s’attachent à recueillir les derniers échos d’un riche patrimoine narratif oral qu’une nouvelle génération de conteurs contribue à faire revivre.

Les trois frères sauront faire fructifier le curieux héritage légué par leur père.
Céramique de Dodik pour « Les trois frères ou le chat, le coq et l'échelle », conte de Marguerite Philippe (1873). Couverture de l'édition des contes de Luzel (T.1), An Here-Hor Yezh, 1994.