Sans doute l’existence en Bretagne des gwerzioù, ces complaintes historiques et poétiques qui ont longtemps polarisé l’attention des lettrés, est pour beaucoup dans l’intérêt tardif pour les contes. Ces récits en prose, dont le merveilleux est jugé trop naïf et puéril, sont tout au plus susceptibles d’intéresser un public enfantin. Autant les gwerzioù révèlent une spécificité bretonne, autant les contes de Bretagne apparaissent trop proches de ceux publiés par Perrault ou Grimm et participent d’un ensemble largement européen.
Toutefois, les aristocrates qui, les premiers, se préoccupent de recueillir les gwerzioù, notent également à l’occasion quelques contes : Aymar de Blois vers 1820, Madame de Saint-Prix vers 1830. Mais leurs trouvailles demeureront inédites, comme ce qui semble bien constituer la première collecte du genre en France, la douzaine de contes que La Villemarqué note en breton vers 1840. L’auteur du Barzaz-Breiz connaît pourtant les travaux des frères Grimm : il échange même une correspondance suivie avec Jacob !
Il est surtout connu pour son Barzaz-Breiz, recueil de chants populaires publiés en 1839. Certains chants comme ceux de « L'enfant supposé » (la korrigane qui met son enfant à la place de celui d'un humain) et « Les Nains » (les deux bossus ou les jours de la semaine), ont été généralement recueillis dans la tradition orale, sous forme de récits en prose.