Le conte en Bretagne

Tout pour les gwerzioù !

Sans doute l’existence en Bretagne des gwerzioù, ces complaintes historiques et poétiques qui ont longtemps polarisé l’attention des lettrés, est pour beaucoup dans l’intérêt tardif pour les contes. Ces récits en prose, dont le merveilleux est jugé trop naïf et puéril, sont tout au plus susceptibles d’intéresser un public enfantin. Autant les gwerzioù révèlent une spécificité bretonne, autant les contes de Bretagne apparaissent trop proches de ceux publiés par Perrault ou Grimm et participent d’un ensemble largement européen.

Toutefois, les aristocrates qui, les premiers, se préoccupent de recueillir les gwerzioù, notent également à l’occasion quelques contes : Aymar de Blois vers 1820, Madame de Saint-Prix vers 1830. Mais leurs trouvailles demeureront inédites, comme ce qui semble bien constituer la première collecte du genre en France, la douzaine de contes que La Villemarqué note en breton vers 1840. L’auteur du Barzaz-Breiz connaît pourtant les travaux des frères Grimm : il échange même une correspondance suivie avec Jacob !

Conte de Coatallec
Coll. Abbaye de Landévennec.
En 1840, La Villemarqué recueille une série de contes auprès d'un sabotier de Lothéa, près de Quimperlé, et les consigne sous la dictée sur un cahier. Ci-dessus, le début d' « Ar goulmik c'hlaz ».
Coll. La Villemarqué.
Aymar de Blois de la Calande (1760-1852), membre de l'Académie celtique et de la Société des Antiquaires de France, habite le manoir du Launay en Ploujean.
Au milieu d'un cahier manuscrit de chansons figure « l'histoire merveilleuse du chien noir », une version du conte de la quête de l'époux disparu.

Coll. part.
Madame de Saint-Prix (1789-1869), originaire de Callac, habite Ploujean, comme Aymar de Blois. Elle collecte de nombreux chants bretons, surtout autour de Callac, et quelques contes comme celui de Coatallec.
Coll. Abbaye de Landévennnec.

La Villemarqué

Il est surtout connu pour son Barzaz-Breiz, recueil de chants populaires publiés en 1839. Certains chants comme ceux de « L'enfant supposé » (la korrigane qui met son enfant à la place de celui d'un humain) et « Les Nains » (les deux bossus ou les jours de la semaine), ont été généralement recueillis dans la tradition orale, sous forme de récits en prose.

La Villemarqué (1815-1895), ici en habit d'académicien.
Coll. La Villemarqué.
« L'enfant supposé » et « Les Nains ».
Coll. CRBC.
La Villemarqué collectant.
Gravure d'Ernest Boyer (1845). Coll. Fañch Postic.